C’est dérangeant cette dualité, ces sentiments
contradictoires que l’on ressent en soi, et qui composent nos journées. Ces
mouvements sinusoïdaux, ces va-et-vient entre l’obligation de s’atteler à
l’achèvement de nos tâches professionnelles et l’irrépressible envie de se
sentir détacher de ces/ses contraintes afin de se permettre de réaliser des
choses plus utiles pour la société, pour le bien commun. Ce constat est appuyé
par le fait que j’estime mon métier, tout du moins dans son format précédent,
comme étant inutile pour le plus grand nombre, mais m’apportant simplement à la
fois un grand confort de vie ainsi qu’un exercice intellectuel certes basique,
mais qui a au moins le mérite d’exister. La polarité qui en découle m’empêche
d’avancer, de prendre des décisions, car je suis invariablement tiraillé par
ces deux domaines que tout oppose ou presque. A moins que nous ne trouvions
finalement le moyen de concilier les deux, accordant tantôt à l’une, tantôt à l’autre
de ces deux factions un effort égal mais parfaitement délimité, de manière à
rendre possible sa progression personnelle et se débarrasser de cette très
désagréable impression de faire du surplace, de rester dans une zone de non
choix permanant, il sera à un moment donné nécessaire de prendre soit l’un,
soit l’autre des embranchements qui se présentent. Mais comment rapprocher ces
deux pôles sans trahir les idéaux de l’un par les objectifs de l’autre ?
De quelle manière peut-on se permettre de travailler pour le sens commun sans en
dévoyer ses principes tout en poursuivant son activité professionnelle, qui dans
mon cas se révèle profondément concurrentielle et qui oblige à un narcissisme
débridé, centrée sur sa progression personnelle au dépend de celle des autres
et donc en contradiction avec l’envie de partage et d’évolution symbiotique?